Plaidoyer pour la massothérapie

Les bienfaits d’un massage transcendent la notion de bien-être pour, sans conteste possible, s’épanouir dans le bénéfice d’un mieux-être. Ainsi, même ceux qui dénient au massage le droit d’être thérapeutique ne sauraient éluder que celui-ci est indéniablement une thérapie.

Nombre de masseurs, massorelaxologues ou praticiens en massage bien-être se reconnaîtraient volontiers dans le vocable québécois, et international, de « massothérapeute ». Mais voilà, les cerbères de la bien pensée médicale française leur chicane le droit à cette appellation.

Pour ce qui est du préfixe « masso », la messe est dite : il n’est ni la propriété ni la chasse gardée des masseurs kinésithérapeutes. Il peut être librement arboré par les praticiens de tous poils. Et c’est le code de la santé publique qui le dit (du  moins en creux). Voilà donc réglée la moitié du problème.

En revanche, aujourd’hui, personne ne sait dire si le radical « thérapeute » demeure l’apanage des masseurs-kinésithérapeutes et s’il constitue présomption de l’exercice d’une pratique peu ou prou médicale. Pourtant, lorsqu’une personne atteinte de sclérose en plaque, de burn out ou de fibromyalgie pousse la porte d’un masseur « bien-être » dans l’espoir de recevoir du mieux-être, c’est à n’en pas douter avec un objectif de contribution à une démarche tout autant holistique que thérapeutique. Telle est également l’attente des usagers des cures ayurvédiques, qui dans leur très grande majorité sont en recherche d’une solution santé, au même titre que les curistes d’un centre de thalasso. Ainsi, s’il est juridiquement incertain que le massage puisse être thérapeutique, il est indéniable que le massage soit une thérapie. Et cela depuis un nombre de lustres qui tutoie les millénaires, voire les premières courbatures d’homo sapiens.

Nous en concluons donc que le massage est indéniablement une masso-thérapie, et que la gêne du législateur à l’exprimer clairement tient certainement au fait qu’il ne fréquente pas assidûment les tables de massage (à moins de l’imputer au lobbying du monde médical, comment savoir ?). Nous pouvons également affirmer qu’il existe une véritable demande pour des massages-thérapies, demande non satisfaite par les kinésithérapeutes. Demande souvent exprimée par des clients (« patients » par la force des choses) qui ont vécu les affres de l’errance médicale et qui cherchent un chemin entre les antidépresseurs et les immunodépresseurs. Nous affirmons, nous masseurs, pour l’avoir vu de nos propres mains, que nous offrons la paix des douleurs, le silence du sommeil et le retour de la conscience d’exister corps et âme.

Militons donc clairement pour une reconnaissance du concept de massothérapie et pour l’existence légale du métier de massothérapeute. C’est notre seul chemin de bienveillance, à nous-même et à nos clients.

 

Les précisions, apportées par le code de la santé publique

Avant la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016, la profession de masseur-kinésithérapeute était définie par le code de la santé publique comme consistant à « pratiquer habituellement le massage et la gymnastique médicale ». Cela plaçait donc le massage, au sens générique du terme, dans le périmètre des pratiques de santé réservées aux seuls kinés.

La nouvelle rédaction du code recentre la masso-kinésithérapie sur le traitement « des troubles du mouvement ou de la motricité » et sur celui des « déficiences ou des altérations des capacités fonctionnelles ». Sur ces terrains, et uniquement sur ceux-ci, le masseur-kinésithérapeute est en posture d’exclusivité thérapeutique.

Cette lecture a été à la fois confortée, mais également embrouillée, par la ministre de la Santé, en réponse à plusieurs questions écrites conjointes (JO AN 1er novembre 2016) :

La première partie de la réponse distingue très clairement le « massage de rééducation thérapeutique », compétence exclusive du kiné, de toutes les autres formes de massage. En associant ainsi « rééducation » et « thérapeutique », la ministre ne fait que synthétiser les notions de « traitement des troubles du mouvement, de la motricité et des capacités fonctionnelles » posées par le code. Elle laisse ainsi ouverte la possibilité que coexiste un espace pour des massages, le cas échéant à visée thérapeutiques, du moment qu’ils ne sont pas de « rééducation ».

En revanche, la seconde partie de la réponse détricote la première, en opposant « le massage non thérapeutique », dit de bien-être, à celui qui, de façon générique aurait une visée thérapeutique. Elle envisage l’émergence de la profession de « praticien en technique corporelle de bien-être ».

Ainsi, aujourd’hui, nul ne peut être certains de savoir si le travail d’un point gâchette s’apparente à un acte thérapeutique ou non. Sortant du cadre du « massage de rééducation thérapeutique », il peut pour autant être considéré comme le « traitement des capacités fonctionnelles ». Il serait cependant intéressant de voir ce que la sécu penserait d’une prescription formulée en ce sens.

 

Réponse à question écrite 98639. JO AN 1er novembre 2016 :

 « L’article 123 de la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 a précisé la définition de la profession de masseur-kinésithérapeute et a également défini l’exercice illégal de cette profession. Ces nouvelles précisions, concertées avec les professionnels, ont également eu pour effet de supprimer la notion de « massage» de la définition de la profession de masseur-kinésithérapeute. Cette évolution législative conforte et recentre le masseur-kinésithérapeute dans son rôle essentiel de professionnel de santé de la rééducation. Dans ce sens, et après une nécessaire évolution de la mention inscrite dans le décret d’actes, la compétence exclusive du masseur-kinésithérapeute en matière de massage de rééducation thérapeutique pourra être réglementairement affirmée.

Le massage non thérapeutique dont l’objectif premier est d’apporter un bien-être à la personne, pourra être réalisé au regard de la nouvelle rédaction législative du Code de la Santé Publique, par un professionnel qui ne dispose pas du titre de masseur-kinésithérapeute. Ces éclaircissements réglementaires adoptés, il appartiendra à la commission nationale de la certification professionnelle compétente de se prononcer sur l’inscription du titre de « praticien en technique corporelle de bien-être» au regard des formations dispensées. »

 

 

La profession se revendique-t-elle de l’appellation « Massothérapeute » ?

Un rapide sondage des premières pages de moteurs de recherche sur le terme de « Massothérapeute » laisse apparaître le relatif désert français. Très vite la recherche renvoie vers des sites belges ou québécois. Wikipedia fait une timide tentative de définition du terme et se consacre pour l’essentiel à un traitement générique de la notion de massage. Une poignée de confrères se revendiquent, plus ou moins ouvertement, de la massothérapie. Les écoles évoquent parfois le terme, sans s’en revendiquer. La presse ignore le sujet.

L’offre des centres de formation nous ouvre un florilège d’intitulés : massage, praticien de massage bien-être, bien-être spa, relaxologie, intervenant spa et bien-être, massage intuitif, créatif, zen… puis, bien-entendu, toute la variété des approches techniques : massage suédois, shiatsu, ayurvédique, réflexologie, thaï…

Quant à elles, les fédérations jouent la prudence. L’une, la FFMBE s’en tient, comme son nom l’indique, au « massage bien-être » et milite pour la reconnaissance du métier de « praticien en massage bien-être ». L’autre, la FFMTR construit son identité autour de la notion de « massage de relaxation » et milite pour la création d’un diplôme d’État de « praticien en massage de relaxation ».

Cette diversité d’intitulés ne saurait s’expliquer du seul fait d’une interdiction de l’appellation de massothérapeute en France. Il y a fort à parier que pour bon nombre de professionnels du massage, et de centres de formation, l’intitulé signifiant se doit d’être plus « relaxe » (ne pas renvoyer à l’idée d’une thérapie) ou être porteur d’un héritage technique identifié en tant que tel.

Il ne semble donc pas que le terme de « massothérapeute » puisse être à lui seul fédérateur de la diversité des approches du massage. Le seul terme fédérateur, usuel, autorisé et plus petit commun dénominateur est certainement le terme de « masseur.se ». Il envoie cependant un signal faible, voire connoté. Il présente également l’inconvénient de contraindre à une distinction de genre (masseuse, masseur). Demeure donc à inventer un chemin pour une dénomination à la fois porteuse d’une image de professionnalisme et respectueuse de la diversité des pratiques. Le terme de massothérapeute pourrait alors soit caractériser le tronc de l’arbre de la diversité des massages (massothérapeute-relaxologue ; massothérapeuthe-thaï…), soit caractériser un style de pratique en soi.

Dans tous les cas, seul un important travail de communication saurait imposer la massothérapie auprès du grand public.

 

Quelle cohérence étymologique pour « massothérapie » et « massothérapeute » ?

La massothérapie consiste à prendre soin et traiter par l’action de pétrir. Le massothérapeute est celui qui prend soin en pétrissant.

Masso : vient de l’indo-européen commun mak (« pétrir, presser ») qui donne le grec ancien μάσσω, mássô, le latin macero, l’anglais make, le tchèque mačkat (« presser »).

Thérapie : (XVIIe siècle) du grec ancien θεραπεία, therapeía (« cure ») dérivé de θεραπεύω, therapévô (« servir, prendre soin de, soigner, traiter »), issu de θεράπων, therápôn (« serviteur »).

Thérapeute : du grec ancien θεραπευτής, therapeutếs (« serviteur, celui qui prend soin de quelqu'un » et enfin « médecin »).

Source : wiktionary

 

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